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191-Les ghettos du Gotha  

Cher(e)s Ami(e)s Marcheur(e)s

 

Comme promis, voici

  • des infos pratiques complétées

Au départ, rendez-vous à 9h30 au bistrot  “Le Village d’Auteuil”, place Jean Lorrain, au croisement de la rue Girodet, au métro Michel-Ange Auteuil. Par la ligne de Sceaux , c’est  assez loin ( une heure), mais avec un seul changement à la jonction  Saint-Michel  Cluny Sorbonne.

Repas vers 13h à La Grange, 158 av. Ch.de Gaulle, Neuilly, tel 01 47 38 24 16

En cas de difficultés, mon tel portable : 06 95 28 36 59

  • un texte ci-dessous en petits caractères ou le même texte joint en plus gros j. Dedans vous trouverez :

1-des infos plus détaillées sur la Villa de Montmorency

2- une feuille de route des lieux de visite prévus. Je donnerai sur place les infos nécessaires

 

Bonne lecture et à très bientôt,   Raymond

Auteuil Neuilly Passy

Les ghettos du Gotha    

 

Album Photos

         

 

        La Villa de Montmorency


Au cœur du 16e arrondissement, c’est le Nec plus ultra résidentiel selon les Pinçon-Charlot (p.225), un ensemble de rues, places, jardins, villas,  ultraprivé où ne pénètrent que les invités, employés et fournisseurs duement autorisés par un des propriétaires du lieu. Impossible d’y entrer et donc de la visiter de près. Mais vous pouvez la survoler de différentes hauteurs grace à Google Maps en cliquant ici. Nous nous contenterons d’en faire le tour, d’en saisir quelques aperçus, d’en évoquer l’histoire, les petites histoires aussi et la sociologie.

Ce que nous verrons d’abord, ce sont de hautes grilles de fer forgé, encore surmontées de herses, caméras vidéo, gardiens sur le qui-vive, équipés d'écrans de contrôle. " La villa Montmorency n'est pas publique ", répètent une multitude de panneaux rouges, qui menacent aussi : " Les contrevenants seront poursuivis. "  Devant l'entrée principale, rue Poussin, les curieux doivent se contenter d'un va-et-vient de 4 x 4 aux vitres teintées et de camionnettes de traiteurs.

Un village huppé dans la ville. Hors du temps, du bruit, de toute frénésie urbaine. " Domaine de paix et de sécurité ", selon un habitant, où sont à vendre en 2008 (ça a bien augmenté depuis)  pour 10 millions d'euros une maison de 500 mètres carrés, et pour 17 millions un hôtel particulier de 700 mètres carrés agrémenté d'un jardin. Visite possible uniquement après vérification de vos capacités financières. Parcellaire très inégal. Mais le + petit est déjà très généreux. Maisons d’architectes très diverses faisant penser à Deauville, Dinard ou Arcachon, stations balnéaires de la même époque. " C'est comme Beverly Hills, à Los Angeles, résume Mickael Cherki, de l'agence MC Immo. C'est vert, fermé, sécurisé, proche du marché et du métro pour les gens de service, et les voisins figurent parmi les plus grosses fortunes de France. " Un " ghetto du Gotha ", selon la formule des sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, que ce lotissement chic de cinq hectares où se côtoient certains des plus riches industriels et financiers français et étrangers (suisse, luxembourgeois, tunisien, iranien…). 

La villa illustre et même complète la maxime : Pour vivre heureux, vivons cachés … et avec nos semblables pour voisins. Et ça marche, comme le constate  Monique Pinçon-Charlot: "les grands bourgeois, les aristocrates fortunés, à force de mettre leur argent dans les services de gestion des grandes fortunes, des banques d’affaire privée, de mettre leurs enfants dans des écoles spécifiques, privées ou publiques, d’habiter les beaux quartiers, d’habiter dans des stations balnéaires où le peuple ne va pas, d’être dans des palaces, finalement on ne les voit pas. On finit par ignorer complètement leur existence. Même les chercheurs du CNRS ne connaissent pas bien les beaux quartiers...". Ce n’est pas leur cas : voir ici (cliquer) les Pinçon-Charlot, en scène et mis en scène pour leur  enquête « Les ghettos du Gotha ».Et en « tenue de travail » dans un château. encore pour une chasse à courre. Ici, fils et filles de familles au travail,  de la bijouterie à l’œnologie. Et enfin là,  fin du travail, avec relecture par les enquêtés du compte rendu de l’enquête.

Histoire

Ancien parc et château de la famille de Montmorency racheté  en 1852 par la Cie de Chemin de fer Paris-St Germain pour y faire passer une ligne et y construire une nouvelle gare, Auteuil. Restait du terrain, un parc magnifique planté d’arbres parfois centenaires. Cadre idéal pour des maisons de campagne destinées à une clientèle fortunée. Pour l’attirer, Peirere décide de lotir avec un cahier des charges très restrictif et toujours valable aujourd'hui : taille des clôtures, usage des maisons, qui doivent être " unifamiliales ", interdite aux usines, commerces, bals et femmes de mauvaise vie… La villa est gérée par une " association syndicale autorisée ", dont chaque propriétaire devient automatiquement membre, et qui possède le statut d'établissement public administratif, relevant donc de la tutelle du préfet. C'est l'Etat (le percepteur), qui prélève les charges de copropriété en même temps que la taxe d'habitation. Ne pleurons pas pour eux, elle va leur être supprimée, comme pour nous. Mais ce n’était pas le même montant. Bref, l’état aide  ainsi les plus riches dans la gestion collective de leur patrimoine. Les temps modernes ont apporté leur lot de nouvelles contraintes : ni barbecue ni tondeuse autre qu'électrique, pas plus de deux voitures… 

Les poubelles sont convoyées jusqu'à l'entrée par des véhicules électriques, afin d'éviter le bruit des bennes. Avec les salaires de trois couples de gardiens, des veilleurs de nuit et les frais d'entretien des rues et jardins, la privatisation a un coût, obligeant les propriétaires à s'acquitter de lourdes charges dont le montant précis est tenu secret.

Pour mieux approcher les modes de vie, les bonnes et personnels de service, lorsqu’ils parlent, sont bien plus révélateurs que les règlements, bâtiments, appartements et bien sûr propriétaires plus que discrets. Catherine vous enverra un texte sur ce sujet et vous en parlera.

Habitants

Il est vrai qu'après avoir été le refuge campagnard du milieu artistique et intellectuel (Jules et Edmond Goncourt, Henri Bergson, Sarah Bernhardt, André Gide, des architectes, des sculpteurs, des conservateurs de musées, y ont vécu), la villa Montmorency a vu sa sociologie profondément changer. Dans les années 1960, elle s'entoure de grilles, puis dans les années 1990, les prix des maisons flambent. La villa devient donc un paradis clos pour milliardaires qui mêle fortunes récentes et grande bourgeoisie traditionnelle.

 

Vincent Bolloré (Havas) et ses deux fils, Yannick et Sébastien, qui y ont chacun une maison ; Arnaud Lagardère (groupe Lagardère) ; Georges Tranchant (les casinos de Finindusco) ; Dominique Desseigne (hôtels de luxe et casinos Lucien Barrière), un copain de Sarkozy, qu’il a logé pendant sa campagne de 2008, alors que ça se passait mal avec Cécilia) ; Xavier Niel (Iliad, maison-mère de Free) ; Tarak ben Amar (producteur de cinéma) ; Jean-François Roverato (Eiffage) ; Jean-Paul Baudecroux (NRJ) ; Jean-Paul Bucher (société Flo) ; Alain Afflelou, et bien d'autres. Au milieu des grands patrons, des familles de la noblesse et du Bottin mondain, quelques gloires passées ou présentes du show-business, comme Sylvie Vartan, Rika Zaraï, Mylène Farmer. Et Carla Bruni, dont l'hôtel particulier, doté de deux entrées, l'une dans la villa, l'autre sur la voie publique, est fréquenté les soirs de semaine par son mari, Nicolas Sarkozy. Bref, tous les pôles de l’activité économique et culturelle.

Luttes pour le contrôle social

 Environnement très bien équipé : Espaces verts (bois de Boulogne),  équipements sportifs ; Equipement scolaires de qualité privés (Notre Dame des Oiseaux) ou publics Lycées JB Say, La Fontaine, Claude Bernard. Mais dans les écoles et autres établissements publics, il faut faire attention aux fréquentations. Et il faut veiller à la qualité sociale des habitants, même au prix de certains combats, comme on peut le voir par ex avec la lutte à propos des terrains  de la gare d’Auteuil

Derrière cette gare, suite à la suppression du chemin de fer, existait  une vaste friche de 14000m2 rachetée par la mairie pour y construire 350 logements dont la moitié en hlm. Branle bas de combat et création de plusieurs associations de défense du paysage urbain et de l’environnement. En fait les objectifs sont moins écologiques et esthétiques que sociaux : éviter la mixité sociale et préserver l’entre soi.

 

Certes la Présidente de l’une des associations nous dit bien que ce ne sont pas les logements sociaux qui la chagrinent. Dans ses propos, nous prévient-elle, il ne sera question que d'architecture, de densité urbaine et d'écologie. " Les cent vingt familles de la villa sont conscientes de la nuisance urbanistique et préoccupées par l'extrême densification du quartier. Notre association est contre le bétonnage intensif. Elle n'est pas opposée au logement social. Il y a des indigents dans le 16e. J'en rencontre au marché, vous savez… Mais nous combattons ce projet trop massif, démesuré. La Mairie de Paris et les médias, qui sont avec elle, accréditent cette vision manichéenne des méchants gens riches qui seraient contre les pauvres, pour théâtraliser, pour diaboliser le 16e, et faire passer le bétonnage. Mais Paris, et plus particulièrement le 16e sud, sont déjà extrêmement denses ! 1 200 personnes en plus, évidemment que cela y fera baisser la qualité de vie. "

 

Se contrôlant moins, elle va même jusqu’à affirmer que la Mairie de Paris prend un malin plaisir à " molester " les habitants du 16e, coupables d'être riches. " Ils travaillent dur, font partie des plus gros contribuables de France, paient des loyers élevés, et la Mairie de Paris veut construire chez eux ce à quoi les urbanistes attribuent la délinquance dans les banlieues. 3 000 habitants du quartier ont signé la pétition en huit mois. Ils ont peur d'un déséquilibre social général. " Non, décidément, impossible d'imaginer " la juxtaposition d'une cité comme on n'en fait plus depuis Sarcelles et de la villa Montmorency !

 

En 2014, après plusieurs annulations du permis de construire, dont une en 2001par le Conseil d’Etat, et de multiples rectifications, la Mairie gagne : la moitié des 360 logements, réservée au social, est bien construite, mais le bâti est inférieur de 10000m2 à ce qu’il pourrait être. 40% de la surface totale est laissée en paysager le long du Bd de Montmorency.

2° entrée au 93 (p.231) puis Maison des Goncourt au 67.

Suite p. 232. 3° entrée au 53.

Puis Mallet-Stevens. Villa des Chalets, Av.Vion-Wicomb. Puis trajet métro Ranelagh-Pont de Neuilly

                                                                                                   Neuilly-sur-Seine                                                                                                  

Neuilly-sur-Seine  est-il aussi un "ghetto des riches" ? Oui, car c’est la ville de France où habitent - proportionnellement - le plus de riches : 18,83%. [Même les "beaux quartiers" de Paris ne rivalisent pas : le 7ème arrondissement compte 17,18% de riches, le 8ème : 16,54%, le 16ème : 16,03%, le 6ème : 14,30%. Quant aux communes huppées de l’Ouest de la région parisienne, seules trois d’entre elles (Saint-Nom-la-Bretêche, Le Vésinet, Vaucresson) dépassent les 15%.

Si on examine maintenant l’impôt sur les grandes fortunes (ISF), on constate, que la ville de Neuilly - 7.607 redevables - arrive en deuxième position, après Paris : 84.451 redevables ; mais, Paris compte 2,2 millions d’habitants et Neuilly seulement 62.000. Sur le marché florissant de l’immobilier, voir ici

 

Balade architecturale et sociale

Pour avoir des commentaires assez détaillés sur chaque monument, vous pouvez télécharger sur votre portable ou tablette l’application mobile  « Ville de Neuilly ». Une fois installée et ouverte, choisir le dernier onglet de « Nos services » : Parcours du Patrimoine ;

Boulevard Ch. De Gaulle

  Protestations des riverains. Classement en route nationale. Enfouissement de la circulation. Cout : 1 milliard

 

Maison Théophile Gauthier,  32 rue de Longchamps

Maisons Jaoul (81bis, rue de Longchamp).

Hôtel Thouret (ancien) 12 rue du Centre

Rue Delabordière

18 Maison Liliane Bettencourt. Description et plans . Vue moins surplombante ici

Courrege à coté. Trouver les maisons de Martin Bouyghe et de la Fille Bettencourt

 

Maison du Commandant Charcot au 53 bd du Commandant-Charcot

Ancienne Folie Saint-James 16 av. de Madrid

Villa de Madrid

Sources

Pinçon M., Pinçon-Charlot M., Paris. Quinze promenades sociologiques. Payot, 2009

Pinçon M., Pinçon-Charlot M., Les Ghettos du Gotha. Comment la bourgeoisie défend ses espaces. Seuil, 2007 ici. Voir aussi Ed. poche en Point, 2009, avec nouveau sous titre : Au coeur de la grande bourgeoisie.

Rousset M., Les riches veulent leur part du ghetto. Entretien avec Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. In Regard, 46, 2008/12, ici

le-monde-2. La-villa-montmorency-entre-en-resistance (2008/10/03) Cliquer ici

 

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